Architecture en uniforme. Projeter et construire pour la seconde guerre mondiale

16.04.2014

24 avril - 8 septembre 2014

Cité de l’architecture & du patrimoine - Palais de Chaillot

L’exposition explore les développements de l’architecture pendant la Seconde Guerre mondiale, analysant les effets du conflit sur l’environnement bâti et sur la discipline elle-même. Elle comble une lacune historique béante en examinant les travaux et les réalisations des architectes et des concepteurs actifs dans les principaux pays engagés dans la guerre, et montre comment celle-ci a accéléré les processus d’innovation technologique et provoqué un changement des mentalités, conduisant après 1945 à une suprématie incontestée de l’architecture moderne.

Entre le bombardement de Guernica par les nazis (1937) et la destruction d’Hiroshima et Nagasaki par les Américains en 1945, de nombreux architectes ont été mobilisés pour participer au combat. Mais beaucoup ont poursuivi leur activité professionnelle au service d’une production industrielle d’une intensité sans précédent. La guerre fit appel à chaque aspect de l’expertise architecturale, suscitant d’importantes innovations et percées en matière de conception et de construction. Les architectes se sont avérés presqu’aussi indispensables du point de vue stratégique que les ingénieurs et les scientifiques ayant contribué aux efforts de guerre de leurs pays respectifs.

La guerre a mobilisé toutes les composantes de l’architecture. Elle a induit des innovations radicales grâce à des nouveaux matériaux et à de nouvelles manières de produire. L’extension de la guerre aérienne a contribué à rapprocher la guerre des villes et à l’éloigner du front. Les architectes ont ainsi participe à l’élaboration de nouvelles stratégies d’attaque et de défense; ils ont conçu et construit des usines en réponse aux besoins pressants de la production, et des habitations ouvrières. Volet plus sombre de leur activité, pendant que certains, du cote de l’Axe, construisaient des camps de concentration ou prenaient leur part dans l’occupation, d’autres du cote des Allies, contribuaient à préparer la destruction des villes. Au fil d’une vingtaine de thèmes, l’exposition propose un parallèle entre les différents théâtres de la guerre, confrontant les projets entrepris en France, en Angleterre, en Allemagne, en Italie, au Japon, aux Etats-Unis et en URSS. Elle présente plus de 300 œuvres originales, provenant entre autres de l’Akademie der Künste à Berlin, de l’Art Institute of Chicago, de l’Architekturmuseum à Munich, de la Bibliothèque de Documentation Internationale Contemporaine à Paris, du Centre Canadien d’Architecture à Montréal, de la Cite de l’architecture & du patrimoine, de la Fondation Le Corbusier, et du Musée d’histoire contemporaine à Paris, du Museum of Modern Art à New York, du Royal Institute of British Architects et du Victoria and Albert Museum à Londres, et enfin du musée d’architecture Chtchoussev à Moscou.

Les thèmes de l’exposition

01 Guerre aux villes

Des châteaux de sable contre les bombes

Les ruines de Cologne vues par August Sander

Les croquis du front

02 Le front intérieur et l’autarcie

Objets utiles en temps de guerre

Les ≪ Murondins ≫ de Le Corbusier

Jean Prouve, du métal au bois

03 Le front industriel

Mobiliser la force de travail

L’architecture industrielle d’Albert Kahn

Les débuts de Mies van der Rohe

Projets aux limites : usines pneumatiques et souterraines

04 Loger les ouvriers

Channel Heights de Richard Neutra

L’échec de la ville nouvelle de Willow Run

05 Mobilité et préfabrication

Konrad Wachsmann et les ressources du bois

Le connecteur universel de MERO

Le succès des huttes Quonset

06 Fortifications et projets pour la guerre

Dugway, ou l’architecte comme expert en destruction

07 La protection anti-aérienne

La querelle des abris à Londres

Allemagne : des bunkers sous les bombes

08 Le camouflage, ou dessiner l’invisible

Enseigner le camouflage

Hugh Casson, architecte camoufleur

L’usine Douglas de Santa Monica

09 Au service de la communication

Les maquettes de batailles de Norman Bel Geddes

Les Situation Rooms et la naissance du multimédia

Constantinos Doxiadis et les ≪ sacrifices ≫ de la Grèce

10 Quatre macro-projets

Le Pentagone de Washington

Auschwitz : industrie et génocide

Oak Ridge, ville secrète

Peenemunde : des fusées dans la pinède

11 Flexibilité et normalisation

Ernst Neufert : géométrie et construction de guerre

L’AFNOR et les débuts de la normalisation en France

Drancy, du grand ensemble au camp de concentration

12 Architectures de l’occupation

La destruction des quartiers du Vieux-Port de Marseille

Les projets nazis pour la Moselle annexée

13 Architectes et prisonniers

De ≪ L’Ame des camps ≫ au ≪ Front des barbelés ≫

14 Procès à Nuremberg

15 Imaginer l’après-guerre

La reconstruction sous le régime de Vichy

L’horizon de 194X et l’invention architecturale

16 Recycler les technologies militaires

L’exposition Britain Can Make It

Echecs et succès du recyclage des surplus

Paris, 1946 : Exposition des techniques américaines de l’habitation et de l’urbanisme 1939-194X

17 Architecture de la mémoire

Les mémoriaux géants des Allemands et des Soviétiques

Modernité et mémoire en Italie

Des mémoriaux en France

Exposition créée par le Centre Canadien d’Architecture, Montréal (2011), adaptée en coproduction par la Cité de l’architecture & du patrimoine, Paris et par le MAXXI Museo nazionale delle arti del XXI secolo, Rome

Commissaire

Jean-Louis Cohen, architecte et professeur en histoire de l’architecture et des villes à l’Institute of Fine Arts de New York University.

Scénographie

Frenak + Jullien architectes

(Catherine Frenak et Beatrice Jullien) avec abdpa

Graphisme

Baldinger et Vu-Huu

Édition

En parallèle à l’exposition sera diffusé l’ouvrage de Jean Louis Cohen Architecture en uniforme. Projeter et construire pour la Seconde Guerre mondiale

Co-édition CCA et éditions Hazan

(Relie, 445 pages, 400 illustrations)

Il a été publié grâce à l’appui financier de la Graham Foundation for Advanced Studies in the Fine Arts.

Il a reçu le Grand prix du livre d’architecture de l’Académie d’Architecture, l’Art Book Prize britannique et le Alice Davis Hitchcock Book Award de la Society of Architectural Historians américaine.